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MUSÉE DES FAMILLES (1845-46) |
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Il faut convenir que les
illustres typographes dont nous avons raconté la vie furent
bien secondés dans leur œuvre par les artistes
contemporains. Notre aperçu sur l'art typographique des
seizième et dix-septième siècles
serait incomplet si nous ne nous occupions maintenant des graveurs.
Geoffroy Tory est le plus
anciennement connu de ces excellents artistes à qui la
typographie dut sa première splendeur. Il avait
étudié l'antique à Rome, et fit de
longs travaux sur l'alphabet. Dans un ouvrage in-folio aussi rare que
curieux, intitulé Champ-Fleury, il établit des
proportions entre l'alphabet latin et le corps humain. Il avance que
les lettres latines dérivent du nom de la déesse
Io, ce qu'il prouve en montrant qu'elles sont toutes formées
d'une ligne droite et d'un cercle, I, O. En les divisant en dix lignes
il trouve des rapports entre ces lignes et le nom d'Apollon et des neuf
muses ; ou bien encore avec les sept arts libéraux,
la grammaire, la métaphysique et la dialectique ;
après avoir construit des lettres qui sont des hommes, il
dessine des hommes qui sont des lettres, et chez lesquels se retrouvent
toujours Apollon, les muses, les sciences et les arts
libéraux. Il retrouve l'alphabet dans les muscles, et les
muscles dans l'alphabet ; puis, par un jeu de fantaisie, qui
touche peut-être profondément à la
réalité, il établit des rapports entre
la forme des lettres et les genres d'architecture ; il
bâtit des lettres qui sont des maisons ; il
écrit des maisons qui sont des lettres et qu'habitent tout
naturellement les sept arts libéraux, les sciences, Apollon
et les muses ; puis ces maisons se trouvent faites de corps
humains, les escaliers sont des S, les murs sont des I ; tout
à coup ces I deviennent des membres, les S des fausses
côtes ; et le tout se transforme finalement en un
flageolet inventé par ledit Apollon, et dans les sept trous
duquel Tory loge un art libéral ; en somme, Apollon
finit par jouer de ce flageolet, qui est un homme ou un I, ou l'arbre
de la science, comme il vous plaira. L'ouvrage est
accompagné de planches représentant les alphabets
quadreaux (anciennes capitales) ; des lettres de formes
bâtarde, tourneuse ; alphabet des langues persienne,
arabique, africaine, turque, tartarienne, chaldaïque,
fantastique et utopique ; l'alphabet des lettres fleuries, et
enfin des modèles de chiffres et lettres
entrelacées. Inutile de dire que le plus fantastique de tout
cela, c'est l'alphabet africain, complètement
inventé par le graveur.
Il termine son livre par
cette exclamation naïve : « Je
suis sûr d'avoir des gloseurs et des mordants ; mais
je ne les estime pas la valeur d'un poil. »
En 1509 Tory devint
correcteur dans l'atelier d'Henri Estienne ; il appliqua sa
science à perfectionner les caractères de Josse
Badius, le beau-père de son patron. Des 1516, il obtint un
privilège pour l'impression d'Heures
à l'usage de Rome et de Paris,
décorées de lettres fleuries, d'estampes et
d'arabesques de son invention, qu'il exécutait
lui-même avec beaucoup de goût. Il devint libraire,
et prit pour enseigne un vase antique percé d'un foret et
placé sur un livre clos par trois chaînes et
cadenas, avec les mots non plus. La
fêlure de ce vase l'a fait nommer par les amateurs d'estampes
le maître au pot cassé. Il n'a
pas gravé lui-même toutes les estampes dont les
livres sont ornés ; beaucoup d'entre elles portent
la croix de Lorraine, marque de Pierre Woeiriot, le premier graveur sur
cuivre qu'ait possédé la France 2.
C'est à
l'école du
bon vieux Geoffroy Tory que se forma Claude Garamond, le plus
célèbre des graveurs en caractères.
C'est lui qui grava et fondit, sous les yeux de son maître,
les caractères romains nécessaires pour
l'impression du Champ-Fleury ; c'est
à lui que
François 1er
confia, comme nous
l'avons dit, la gravure des
types grecs, sur les dessins d'Ange Vergen de Candie, son
écrivain royal.
Conrad Neobar,
patenté
dès 1538 pour l'impression royale des livres grecs, fit
usage des premières fontes de ces caractères dans
ses éditions d'Aristote et de Philon ;
Eusèbe fut ensuite publié par Robert Estienne
avec ces mêmes types. Le trait vif et net de ces
caractères n'a jamais été
surpassé ; aussi conçoit-on
aisément les longues réclamations que nous avons
mentionnées ; lorsque la république de
Genève les eut rendus à l'État, les
poinçons demeurèrent dans les bureaux de la
Chambre des comptes et restèrent longtemps sans
emploi ; enfin en 1791, M. Dubon-Lavesne les remit en usage
pour une édition des œuvres de Xénophon
entreprise par l'Imprimerie royale.
On ne peut faire un plus
grand
éloge des types romains de Garamond qu'en les comparant
à ses caractères grecs ; les fameux
caractères des Elzevirs provenaient des poinçons
de Garamond.
Cet illustre artiste
mourut en
1561 ; Guillaume Lebé,
célèbre aussi par ses beaux caractères
orientaux faits pour Robert Estienne, et par la fonte des types
nécessaires à l'impression de la grande Bible de
Plantin, fut chargé de procéder à
l'inventaire de la superbe fonderie de Claude Garamond ; il
acheta la plus grande partie des poinçons et des matrices et
les réunit à son fonds propre, ce qui composa le
plus riche dépôt qui existât alors en
Europe. Il mourut en 1598. Son fils et son petit-fils
continuèrent la maison jusqu'en 1685 ; la veuve de
ce dernier ( appelé Guillaume, comme son
père et son aïeul ) et ses quatre filles,
excellentes artistes fon deuses, confièrent la direction de
la maison à Jean-Claude Fournier qui, en 1730, devint
propriétaire du fonds. Le troisième fils de J.-C.
Fournier fut Pierre-Simon, l'auteur du Manuel,
l'une des
célébrités de l'art typographique.
Pierre-Simon grava sur
acier de grosses
et moyennes lettres de fontes ( c'est ainsi qu'on appelle en
typographie d'énormes caractères d'affiche de
deux à cinq pouces de grosseur ). Le nombre des
caractères gravés par P.-S. Fournier est
très-considérable.
A cette même
époque, l'art typographique acquit une nouvelle splendeur en
Angleterre, grâce à Barkerville, et en Espagne,
grâce à Harra. Celui-ci introduisit le premier le
satinage du papier.
1700—1845
Nous n'avons pas encore
dit un seul mot
de la presse, l'instrument typographique qui a le plus varié
depuis son origine. Rien n'était plus simple que la
première presse : c'était un pressoir
à vin, légèrement modifié,
que construisit, sur les indications de Gutenberg, un charpentier
nommé André Schultheiss. On sait comment la
pression s'opère avec cet instrument : une planche,
fixée à l'extrémité
inférieure d'une grosse vis en bois, descend avec une force
plus ou moins grande sur un plateau inférieur et immobile.
Outre la grossièreté
générale, cette presse présentait une
grande difffieulté de manœuvre. On ne
plaçait qu'avec une peine et des précautions
infinies la forme sur le plateau ; le papier se chiffonnait,
se maculait entre ces deux planches : il fallut donc mobiliser
le plateau inférieur; ce qu'on obtint en le
plaçant sur une double coulisse, le long de laquelle il
glisse à volonté, au moyen d'une corde
enroulée autour d'un cylindre que termine une
manivelle ; ce qui amena l'expression de presse
roulante.
Bientôt le manche passé dans le trou de la, vis
pour la faire tourner fut remplacé par une longue
poignée à demeure, qu'on appelle barreau.
Mais
cette pression directe était fort inégale, et
n'agissait efficacement que sur une surface restreinte ; il
fallait presque toujours deux ou trois coups de barreau pour une seule
épreuve. Cependant, chose presque incroyable, c'est au moyen
de cette machine informe qu'ont été oblenus tous
les chefs-d'œuvre de la typographie ancienne, nous
ajouterions presque et moderne ; car on n'a
sérieusement modifié la presse que vers la fin du
dix-huitième siècle, et il n'est presque pas une
typographie parisienne qui n'offre encore aux regards des curieux une
vieille presse seizième
siècle, reléguée dans un coin, ou
même servant encore à faire des
épreuves pour la correction en première. On ne se
figure pas les affreux craquements qui résultaient de
l'emploi de ces machines de bois ; c'était un
tapage infernal ; et la locution, faire
gémir la
presse, qui n'est plus juste maintenant, se trouvait
autrefois de la
plus rigoureuse exactitude.
C'est vers 1798 3
que se sont
définitivement introduites les presses en fer. Outre la
légèreté,
l'élégance, la promptitude de maniement, elles
offrent de plus sérieux avantages ; des ressorts,
diversement agencés selon les divers systèmes,
étendent au loin l'action de la vis de pression, et
permettent d'imprimer les plus grands formats d'un coup de barreau. De
plus, des vis secondaires, bien combinées, permettent de
donner plus ou moins de foulage, selon la nature du travail, et un
point d'arrêt mécanique, sensible pour la main la
moins exercée, avertit l'ouvrier qu'il a atteint la limite
normale de pression. Le barreau, au lieu d'être
emmanché directement, se rattache à la machine
par un coude oblique, en fer forgé, qui forme ressort et
l'empêche de se lancer à l'improviste au nez de
l'ouvrier, comme cela arrivait vingt fois par jour avec les anciennes
presses. Lord Sthanhope, pair d'Angleterre, mort dans les
premières années du dix-neuvième
siècle, contribua beaucoup à ces
perfectionnements ; il existe, même des presses
à la Stanhope.
Vers le commencement de
ce
siècle, le bruit se répandit en France qu'un
Américain, nommé Kinsley, venait
d'inventer une presse, au moyen de laquelle l'encre était
portée sur la forme, et le papier étendu avec une
si grande promptitude, qu'un seul ouvrier suffisait pour l'impression
de deux mille feuilles par heure. Mais les esprits étaient
si peu sur la voie, que le savant bibliographe Peignot ne craignit pas
d'affirmer « qu'on devait regarder cette
découverte comme une fable. » .
Ce ne fut que de 1816
à 1825
que parurent les premières presses mécaniques.
Elles se composent en principe d'une table mobile, qui supporte les
formes composées et dont toute la surface est successivement
soumise à la pression d'un grand cylindre creux et tournant
sur un axe. Un ouvrier passe rapidement la feuille de papier blanc
entre des cordons plats, disposés à cet effet sur
la surface du cylindre ; cette feuille,
immédiatement entraînée, arrive sur la
forme, s'imprime d'un côté, se retourne sur deux
petits cylindres intermédiaires, se glisse
d'elle-même sur un autre gros cylindre, passe sur l'autre
extrémité de la table ou marbre
mobile, et
s'imprime de l'autre côté. La feuille s'imprime
donc complètement d'un seul coup, le travail ne
s'arrête pas un instant. La presse à bras, au
contraire, ne peut imprimer qu'un côté de la
feuille à la fois, et interrompt son action pour quelques
secondes après chaque coup de barreau. Trouver un
procédé mécanique pour que les formes
s'enduisissent d'encre spontanément, tel était le
véritable problème de la presse
mécanique. Voici comment on l'a résolu :
de longs rouleaux, d'une matière résistante, mais
élastique (mélasse et colle-forte fondues
ensemble et solidifiées dans des moules), sont
juxtaposés à poste fixe, de manière
à pouvoir cependant tourner en liberté au moindre
frottement. Le premier et le plus gros de ces rouleaux prend
directement de l'encre à l'encrier-réservoir,
placé à chaque extrémité de
la machine. L'extrémité du marbre
mobile se
termine par une table de bois, sur laquelle les rouleaux
étalent l'encre au passage et la distribuent
avec
égalité ; puis la forme arrive
à son tour et passe sous les rouleaux, dont elle
reçoit la couche voulue.
La machine
entière se meut
par une série d'engrenages, entraînés
par une immense roue, nommée volant, que
font tourner des
hommes, ou une machine à vapeur.
Avec la presse
mécanique, le
format n'a plus de limites. On peut tirer à la fois
plusieurs feuilles appartenant à des ouvrages
différents. Certaines presses mécaniques
compliquées opèrent, presque
simultanément, le tirage, le séchage et le
satinage de la feuille.
La vitesse ordinaire
d'une presse
mécanique est de douze ou quinze cents à
l'heure,
imprimés des deux côtés,
c'est-à-dire deux mille quatre cents ou trois mille de
tirage, opérés à grande peine en
vingt-quatre heures par une presse à bras.
L'introduction des presses
mécaniques amena dans les procédés
ordinaires une modification qui n'est pas sans importance ;
les ouvriers imprimeurs remplacèrent par de petits rouleaux
les balles de peau, usitées jusqu'alors
pour distribuer
l'encre sur la forme, et dont l'emploi difficile exigeait une
habileté peu commune. Le rouleau est incontestablement une
amélioration. Il donne un ton plus égal
à la couleur générale de l'impression,
et se prête à une
célérité plus grande. Ce qui
n'empêche pas les vieux compagnons de regretter les balles et
de regarder les rouleaux comme une prime offerte à la
gourmandise des apprentis. En effet, les tonneaux de
mélasse, destinés à la confection des
rouleaux, ne laissent pas que de subir parfois d'assez rudes atteintes,
grâce à la convoitise de ces messieurs.
Le travail de la presse
détériore promptement les caractères
d'imprimerie ; en effet, le mélange de plomb et
d'antimoine qui les compose ne résiste guère au
frottement ; il s'écrase, se pulvérise,
et finit par donner au tirage ce qu'on appelle des têtes
de
clous. Il faut donc renouveler partiellement le
matériel
tout le long de l'année. On devine que les typographes ont
dû chercher les moyens de compenser ou d'atténuer
une perte si énorme. Ce but est en partie atteint par le
stéréotypage, art par lequel on immobilise les
types et on conserve les pages composées, passées
à l'état de plaque métallique.
Cette nouvelle industrie
typographique fut inventée vers
1730 par un orfévre d'Edimbourg, appelé William
Ged, qui donna, en 1744, une édition
stéréotype de Salluste ( Edimburg, 1744,
in-12 de
cent cinquante pages ). Ses procédés,
que nous
décrirons plus bas, furent considérés
à tort comme imparfaits, et il mourut dans la
misère, le 19 octobre 1749. Citons encore, parmi ceux qui
ont fait des tentatives de ce genre, Michel Funickter, André
Foulis de Glasgow, et Daniel Saltzmann.
Joseph Garez, imprimeur
à
Toul, inventa, en 1785, le clichage, qui n'est
autre chose qu'un
procédé pour stéréo typer.
Carez avait remarqué que son ami, M. Thouvenin, antiquaire
distingué, obtenait des empreintes de médailles
au moyen d'un coup de marteau vivement appliqué sur une
bille d'étain. L'imprimeur imagina de
stéréotyper de la même
manière ; il frappait un coup vif, au moyen d'un
bloc de bois suspendu à une bascule ; ce bloc
tombait sur le métal destiné à
recevoir l'empreinte de la forme quand il était au point de
fusion convenable. Il exécuta ainsi un livre
d'église avec le plain-chant noté ( 2 vol.
in-8°, Toul, 1786), et une Bible complète en un vol.
in-8°. Ce brave homme, qui mourut en 1801
sous-préfet de Toul, appelait cela les omotypes.
Son
procédé est maintenant hors d'usage.
Puis vint Herhan, qui
imagina de
composer avec des matrices en creux, et de couler directement le plomb
sur la page ; cette méthode eut un certain
succès. Il y eut une collection de classiques,
stéréotypés
d'après le
procédé d'Herhan. Elle porte pour
marque les
portraits de Guten-berg, Fust et Schœffer, de profil dans un
médaillon. Les frais immenses qu'eût
entraînés l'adoption
générale des idées d'Herhan, y firent
complètement renoncer, et l'on revint, purement et
simplement, à l'invention de William Ged. On moule la page
avec du plâtre, ou du sable fin de
rivière ; on fait cuire ce moule au four ;
on y coule du métal en fusion, et l'on plonge le tout dans
une cuve d'eau froide. On obtient ainsi une plaque de métal,
haute de trois lignes environ, et qui peut se conserver
indéfiniment sans entraver la circulation et le libre emploi
du caractère mobile, auquel on épargne ainsi la
fatigue et l'usure des longs tirages qui le détruisent si
promptement. Les huit lignes qui manquent pour compléter la
hauteur des onze lignes et demie, à laquelle sont
ajustées les presses, est complétée
avec des blocs de plomb, qui n'ont jamais besoin d'être
renouvelés. Quand les clichés sont trop
fatigués, on les met à la fonte ; mais
on ne perd que trois lignes et demie de métal ;
c'est donc une économie des deux tiers.
M. Pierre Leroux, le
célèbre fondateur du Globe et
l'auteur du livre
de l'Humanité, fut ouvrier compositeur,
comme Franklin,
Béranger, Hégésippe Moreau. Il
inventa, il y a vingt-cinq ans, ce qu'il appelle un peu pompeusement
une nouvelle typographie ; son projet consiste à
fondre les lettres non une par une, comme autrefois, mais par rayons
entiers de cinquante, cent ou même cinq cents lettres,
n'ayant que trois lignes et demie de hauteur, et à
les faire composer par une machine, conséquence
nécessaire, le caractère devenant trop petit pour
être saisi par les doigts du compositeur. M. Pierre Leroux
raconte lui-même, dans un Mémoire,
qu'il
réalisa autrefois un modèle de la
machine ; mais des obstacles sans nombre, la
pauvreté surtout, s'opposèrent à ce
qu'il réussît à l'appliquer en grand.
Rien n'est plus touchant que le récit de ses luttes, de ses
travaux incessants. Aidé seulement par son jeune
frère, il se fit menuisier, serrurier, forgeron. A la mort
de son père, il vendit son petit héritage pour
continuer l'étude de son problème ;
enfin il lui fallut renoncer, du moins pour un temps, à son
œuvre, ou plutôt, comme il dit, l'arracher
violemment de son cœur. Ajoutons, pour être juste,
que son idée, loin d'être
méconnue,incomprise, avait été
parfaitement accueillie par M. Firmin Didot, qui lui offrit les avances
nécessaires. Mais M. Leroux, préoccupé
d'idées politiques que nous n'avons pas mission de discuter
ici, refusa péremptoirement ces offres. M. Leroux est
maintenant imprimeur à La Châtre. D'ailleurs, en
même temps que M. Leroux rêvait la fonderie
multiple, M. Henri Didot réalisait, dès 1818, la
fonderie polyamatype ; c'est la même idée
appliquée aux caractères ordinaires.
Parmi les
améliorations de
détail, nous ne pouvons passer sous silence les
caractères sténotypes de M. A. Pinard. Plusieurs
machines à composer ont été
proposées dans ces derniers temps ; nous citerons
entre autres le gérotype,
inventé par M.
Gaubert ; et le clavier compositeur de MM. Young et Delcambre.
Jusqu'au
dix-neuvième
siècle, la typographie française n'employa pour
l'impression courante que les deux seuls types romain et italique,
gravés sur une échelle
graduée ; ils suffisaient à tout, texte,
titre, affiche et couverture. En trois cents ans, le dessin n'en avait
guère varié ; c'était, sans
trop de dégénération, ce beau type
rond, net, plein sans être gras, svelte sans maigreur,
qu'avaient employé les Alde Manuce et les Elzevirs.
Mais avec la Restauration
commença une renaissance littéraire ;
les premières années du gouvernement de Juillet
virent éclore les publications par livraison 4,
le journal
à bon marché et les annonces. De là
les révolutions diverses qui amenèrent un
renouvellement intégral des types jusqu'alors
employés.
Il est, je crois, assez
piquant
d'étudier ce côté pittoresque et
presque inattendu du grand mouvement littéraire de ce
siècle. Cet examen, pour être sans grande
importance, ne manque pas complètement
d'intérêt.
Par une
destinée bizarre et
peut-être sans exemple, cette école
littéraire qui, par Chateaubriand, Chénier, N.
Lemercier, B. Constant, Mme de Staël, arrive à MM.
Delavigne, Soumet, Deschamps, de Vigny, Dumas, V. Hugo, fut
constamment attaquée comme coupable de plusieurs
énormes crimes : novation, orgueil,
témérité, barbarie, vandalisme,
impiété, rébellion, etc.
C'était, tout au contraire, une école de retour
vers le passé, de réaction bienfaisante et
légitime ; elle essayait, au nom de la
poésie, de la religion et de la royauté, de
réparer les brèches faites par la
littérature prosaïque, anarchique et impie du
dix-huitième siècle. Elle arrosait, avec Ronsard,
Belleau, Théophile, Villon, Marot, Rotrou et le vieux
Corneille, le terrain desséché,
brûlé par la chaux vive de Voltaire. Elle puisa en
plein catholicisme, dans la chevalerie, dans l'art monarchique du moyen
âge.
Les caractères
gothiques
reparurent dans la typographie. Byron, le Freyschütz
et les
Contes d'Hoffman conquirent à leur tour une superbe
popularité ; on traduisit même le
Sabbat
des sorcières de Ludwig Tieck ; Victor
Hugo publia
ses ballades les deux Archers, la Nonne, la Ronde
du Sabbat ;
le genre fantastique eut bientôt droit de
bourgeoisie ; son humeur conquérante envahit tout
pour quelque temps ; la gravure inventa des types nouveaux,
incongrus, cornus, fourchus, brisés, ombrés,
écartelés, diaboliques, faits pour effrayer les
enfants, mais surtout les bibliophiles ; en effet, rien de
moins régulier, de moins satisfaisant comme lignes et comme
aspect, rien de plus difficile et de plus incommode au lecteur.
Jusque-là, les
caractères destinés à l'impression des
textes restaient intacts ; le caprice et la fantaisie ne
s'installaient qu'à la partie la plus extérieure,
la plus périssable du livre, les titres et la
couverture ; les publications à bon
marché et par souscription amenèrent des
changements plus graves. Avec le bon marché a disparu
l'ancienne perfection de la typographie ; les
caractères actuels sont longs, gras, sales ; ils
fatiguent l'œil et font danser les lignes et les pages. Pour
obtenir plus promptement des feuilles sèches, on
mêle à l'encre une grande quantité
d'huiles siccatives qui jaunissent promptement et font même
des taches dans les livres. On ne peut attendre de la presse
mécanique des produits aussi parfaits que ceux de la presse
à bras. Le foulage, trop fort est
souvent
inégal ; les marges se dérangent
à chaque instant, et le registre est
imparfait (Voy. ce mot
au vocabulaire). Le livre s'enlaidit chaque jour et disparaît
peu à peu, tué par le journal.
La quantité de
livres
imprimés depuis l'invention est telle que, selon les
meilleures autorités, cinq cents volumes in-folio
suffiraient à peine au simple énoncé
du titre de ces livres. Le savant Struve a dit qu'il serait plus facile
de transporter le mont Atlas que de faire une bibliographie universelle.
La Bibliothèque
historique de
France, édition de 1768-78, 5 vol. in-folio,
présente dans les quatre premiers volumes quarante-huit
mille deux cent vingt-trois articles, et encore n'était-elle
pas complète alors.
A l'imprimerie des
orphelins, fondée à Halle par
le baron de Canstein, pour l'Ecriture sainte spécialement,
on a imprimé, dans l'espace de vingt-deux ans
( 1710 à 1732 ), la quantité de
trois cent vingt-sept mille exemplaires de la Bible, et deux cent
soixante mille exemplaires du Nouveau-Testament, le tout in-octavo et
in-douze. Il existe dans le monde chrétien à peu
près quatorze ou quinze mille éditions
de la
Bible, qui, tirées à cinq mille exemplaires en
moyenne, donnent soixante-dix à soixante-quinze millions
d'exemplaires.
Les collections de Bibles
ont
été à la mode chez les bibliophiles
allemands. La bibliothèque de Stuttgart renferme des
trésors en ce genre. On remarque particulièrement
deux Bibles manuscrites, ornées de dessins et de miniatures.
L'une renferme cinq mille cent cinquante-deux tableaux, avec deux
versets par tableau ; l'un latin, l'autre français,
tous deux décorés d'une capitale alternativement
or et azur. En supposant que l'on pût aujourd'hui faire
exécuter chaque tableau avec les deux versets pour 12
francs, le livre entier coûterait, avec le vélin,
62,000 francs. Le second manuscrit n'a que quatre sixièmes
du nombre des tableaux, mais ce ne sont pas de simples lavis, ce sont
de magnifiques peintures. Il a dû coûter 40,000
francs. Nous pourrions donner une liste de livres rares ou
précieux sans empiéter sur le domaine de la
bibliographie proprement dite. Citons pourtant :
« Anastasii bibliothecarii historia, de
vitis
romanorum pontificum a Petro apostolo usque ad Nicolaum I, nunquam
hactenus typis excusa, deinde vita Hadriani II, et Stephani VI. Auctore
Guilielmo bibliothe-cario; ex bibliotheca Marci
Velseri. » Mayence, in-4°, 352
pages. On
prétend qu'il n'existe que deux exemplaires de cet ouvrage,
qui contient de précieux détails sur la fameuse
papesse Jeanne.
Grammaire
latine réduite en
jeux de cartes ou de dés, par dom
César Joseph
Montpié de Négré, religieux de la
Congrégation de Saint-Maur ; imprimé par
Philippe Vincent.
Æschyli
tragediœ
sex. Glasguæ, 1795, in-folio avec figures de
Flaxman. Il n'a
été tiré que cinquante-deux
exemplaires, plus onze sur grand papier. Le prix de cet ouvrage s'est
élevé, dans les ventes publiques d'Angleterre,
depuis 200 jusqu'à 400 livres sterling (de 5,000
à 10,000 francs.)
Le
Virgile de Didot, 1798, 1 vol. grand
in-folio, avec des dessins de Gérard et de Girodet, se
vendait 600 francs et 900 avant la lettre. Il ne contient aucune faute
typographique, si ce n'est un j dont le point manque.
Diatribe
de l'ingénieur Seid
Moustapha sur l'état actuel de l'art militaire, du
génie et des sciences.
Constantinople ;
imprimé dans la nouvelle typographie de Scutari,
fondée par le sultan Sélim III ; 1803,
in-8° de 64 pages. Cet ouvrage singulier fut composé
en français par l'auteur, et annoté par le
célèbre orientaliste Langlès. Seid
Moustapha mourut victime de son admiration trop vive pour la science
militaire des Français.
Apothéose
et
imprécations de Pythagore, publiées
par Charles
Nodier à Crotone (Besançon, 1808). In-4°
de 75 pages, grand vélin superfin. Ce livre,
imprimé en style lapidaire, a été
tiré à dix-sept exemplaires, dont deux sur papier
rosé.
Nous nous en tenons
à ce
court échantillon. Nous craindrions de dépasser
les bornes déjà si étendues de notre
travail.
Il existait, avant, la
révolution française, des imprimeries
particulières, d'où il sortait des ouvrages qui,
ordinairement, étaient tirés à petit
nombre 5.
Toutes ces imprimeries
particulières ont disparu sous le régime de la
législation impériale encore en vigueur, qui
restreint dans une limite invariable le nombre des imprimeurs pour
chaque ville, et qui astreint à un brevet l'exercice de
cette profession.
Auguste VITU.
P. S. Nous croyons être agréable au lecteur en
terminant par l'explication de quelques termes qui n'auraient pas
été suffisamment définis dans le
courant de nos articles.
Addition ou Manchette. Note marginale, comme on en
trouve dans les
vieux livres.
Belle page. Dans les éditions de luxe,
quand un chapitre
finit sur une page impaire, c'est-à-dire au recto, ou laisse
le verso en blanc, et on recommence le chapitre suivant à la
prochaine page impaire ; c'est ce qu'on appelle commencer en
belle page.
Bon a tirer. C'est l'avant-dernièrc
épreuve ; elle est assez satisfaisante pour que
l'auteur ou l'éditeur puisse autoriser l'impression par les
mots : Bon à tirer, avec sa
signature.
Bourdon. Les ouvriers appellent faire un
bourdon,
l'oubli de composer
tout ou partie d'une phrase. Cette faute se répare en
intercalant le fragment oublié et en remaniant
la suite
jusqu'au bout.
Conscience. Par une figure qui n'est pas sans
grâce, on
appelle homme en conscience ou de
conscience, l'ouvrier qui travaille
à la journée, et qui, par conséquent,
pourrait, s'il le voulait, ne travailler qu'à son aise.
Copie. Manuscrit des ouvrages livrés
à la
composition ; cependant, lorsqu'il s'agit d'une
réimpression, l'exemplaire imprimé sur lequel ou
compose s'appelle également copie.
Coquille. Lorsque le compositeur distribue
et qu'il
jette par
distraction une lettre dans un cassetin étranger, cela
s'appelle faire une coquille. Lorsqu'il composera,
il se trouvera
nécessairement dans son travail une lettre pour une autre.
C'est encore une coquille.
Décharge. Lorsqu'après un
tirage
déjà long une forme s'empâte, on
l'essuie en tirant quelques feuilles sans mettre d'encre. Ces feuilles,
pâles et non margées, s'appellent des
décharges.
Décoignoir. Morceau de buis rond ou
carré,
terminé en lame obtuse, et qui sert à retirer les
coins lorsqu'on veut desserrer une
forme.
Deleatur. Mot latin qui s'abrège ainsi,
ζ, et
qui sert au correcteur pour indiquer qu'une lettre doit être
retranchée.
Distribuer. Replacer une à une dans leur
cassetin
particulier les lettres qui composaient les formes tirées,
et qui vont servir à en composer de nouvelles.
Division. Les compositeurs appellent ainsi, et avec
juste raison, le
trait d'union qui sert à diviser un mot,
lorsqu'il n'entre
pas tout entier dans une ligne.
Doublon. Faute de l'ouvrier, qui compose deux fois
le même
mot ou la même phrase.
Faux titre. C'est le titre de l'ouvrage
placé au milieu
d'une page blanche, et par lequel commencent invariablement tous les
livres.
Filets. On nomme ainsi les lames de plomb
diversement fondues qui
servent à former les cadres, à séparer
les co-lonnes d'un journal, etc. Selon leur œil, ce sont des
filets maigres, gras, doubles, en gouttière, de cadre, etc.
On appelle filets anglais des signes d'ornement qui
terminent les
chapitres.
Forme. C'est l'assemblage de pages mobiles mises en
ordre, garnies ou
margées, et serrées dans un châssis. Il
faut deux formes pour une feuille.
Frisquette. Feuille de papier
découpée et
fixée au châssis d'une presse à bras
pour empêcher les morceaux de plomb qui forment l'intervalle
des pages de faire des taches sur le papier.
Galée. Cadre de bois sur lequel l'ouvrier
dépose
ses lignes à mesure qu'il les retire du composteur.
Garniture. Ensemble de lingots de plomb ou de
réglettes de
bois, qui maintiennent l'intervalle entre les pages, et
déterminent la largeur des marges.
Labeur. Ouvrage de longue haleine. —
Opposition aux brochures
et aux ouvrages de ville, tels que lettres de faire
part, titres,
couvertures, affiches, etc.
Ligne de pied. Ligne de cadrats qu'on met au bas de
chaque page pour la
soutenir.
Maculature. Décharge qui a servi
plusieurs fois et qui n'est
plus qu'un chiffon noir.
Mettre en pâte. Démolir
brusquement un paquet ou
une forme, de manière à n'en faire qu'une masse
confuse et difficile à débrouiller.
Paquet. Assemblage d'un certain nombre de lignes
telles que les fournit
le compositeur au metteur en page.
Placard. Epreuve faite sur des paquets
imposés. Ce mode
d'épreuve évite, en cas de corrections
nombreuses, les frais de remaniement de la mise en page.
Point typographique. Le sixième de la
ligne. Les
caractères d'imprimerie portent
généralement de six à douze points.
Passé ce dernier chiffre, ils rentrent dans les
caractères de titres et d'affiches.
Les anciens imprimeurs
donnaient aux
caractères des noms bizarres, venus, pour la plupart, des
premiers livres auxquels on les avait employés, ou de
quelque qualité extérieure :
Le six était de la nompareille ;
Le sept, de la mignonne ;
Le sept et demi, du petit-texte ;
Le huit, de la gaillarde ;
Le neuf, du petit-romain ;
Le dix, de la philosophie ;
Le onze, du cicéro ;
Le douze et le treize, du saint-augustin ;
Le quatorze, du gros-romain ;
Le seize, du gros-texte ;
Le dix-huit ou vingt, de la palestine ;
Le
vingt-quatre, du petit-canon ;
Le trente-deux, du gros-canon ;
Le quarante ou quarante-huit, du double-canon,
etc., etc.
Police. Tableau proportionnel de ce qui doit entrer
de chaque lettre
dans une fonte générale.
Porte-page. Feuille de papier fort, sur laquelle on
pose un paquet
solidement lié.
Prote. Directeur et correcteur en chef d'une
typographie.
Ramette. Châssis sans barre
médiane.
Réclame. Mot qui se trouve au bas de la
page verso et qui
est le même que celui qui recommence la page suivante. Elle
se place toujours au bas de la dernière page de la feuille.
La réclame facilite le travail du relieur et sert
à rectifier les erreurs qui pourraient se trouver par hasard
dans les signatures (V. ce mot). Les
réclames ont
été inventées en Italie, vers 1468,
ainsi qu'on le voit dans le Corneille Tacite de
Jean de Spire,
à Venise ; elles n'ont été
introduites en France que vers 1520. Elles sont maintenant hors d'usage.
Registre. Ce mot désigne le point de
rencontre des lignes et
des pages qui doivent être placées et
rangées également l'une sur l'autre, de
façon que la page verso ne dépasse pas la page
recto ni par le haut, ni par le bas, ni sur les
côtés.
Revertatur.
Qu'il soit retourné ! Signe de
correction pour retourner les lettres qui se trouvent à
l'envers.
Renfoncer. Mettre du blanc au commencement de la
ligne. Les
alinéas sont tous renfoncés d'un cadratin.
Retiration. Impression du côté
resté
blanc après le premier tirage à bras.
Signatures. On nomme ainsi les chiffres que l'on
place au bas des pages
recto, au-dessous de la dernière ligne, pour faire
connaître l'ordre des feuilles d'un livre et faciliter ainsi
le travail du relieur. Pour indiquer l'ordre des feuillets de chaque
feuille, on ajoute au chiffre principal un point ou deux points
à la suite. Une feuille in-8° porte deux signatures,
la première au bas de la page 1, la seconde au bas de la
page 3. Les anciens imprimeurs se servaient de lettres pour signatures.
Ulric Gering les employait déjà en 1470.
Taquer. Faire usage du taquoir,
bloc de bois parfaitement
équarri, qu'on passe à coups de marteau sur les
formes, pour qu'aucune lettre ne lève plus haut que les
autres.
Tierce. Dernière épreuve qui
se fait sous presse
pour vérifier l'exécution des corrections
indiquées au bon à tirer. Si
la tierce est trop
chargée, on voit une révision.
Titre courant. Se place à toutes les
pages d'un livre sur la
même ligne que le folio.
Visorium. Petit instrument de bois qui se plante
dans la casse au moyen
d'une tige de fer, et qui sert à fixer la copie sur laquelle
travaille le compositeur. Le visorium tombe en
désuétude.
(1)
Voir les
numéros de janvier et d'août 1846.
(2)
C'est à Pierre
Woeiriot que sont dues les jolies
estampes sur cuivre qui ornent plusieurs livres de Simon de Colines et
des Estienne.
(3)
C'est
décidément à
François-Ambroise Didot, chef et fondateur de l'illustre
dynastie des Didot, que revient tout l'honneur de l'invention de la
presse à un coup, longtemps réclamé
par Anisson-Dupé-ron, directeur de l'Imprimerie royale. Les
dates tranchent la question sans réplique. C'est en 1783
seulement qu'Anisson parla de sa prétendue invention
à l'Académie des sciences, et voici ce qu'on lit
dès 1777, à la page xc de Daphnis et
Chloé, édition grecque et latine de M. de
Villoison :
« C'est avec autant de sagacité que
d'utilité réelle pour l'avance
« ment de son art que Didot
l'aîné a imaginé et fait
exécuter heureu-« sement, mais
à grands frais, une presse d'imprimerie d'une
con-« struction nouvelle, à laquelle il a
su donner assez de force pour « que les ouvriers
puissent fouler également et d'un seul coup la
« feuille de papier dans toute son
étendue, etc. »
(4)
Il est assez curieux que
dès le seizième
siècle un imprimeur ait eu l'idée de ce mode de
publication économique. Peignot rapporte que Christophe
Wechel n'imprimait les auteurs latins que par partie, afin, disait-il,
d'en faciliter la vente.
(5)
Voici une notice des
principales :
Imprimerie du
monastère Saint-Denis (1571). Elle existait
dans l'intérieur de ce monastère,
situé à Paris, rue de l'Amandier.
Imprimerie du cardinal
Duperron. Elle fut établie
à Bagnolet en 1600 ; le cardinal y faisait imprimer
ses ouvrages, et en était lui-même le
correcteur : les éditions qui en sortaient,
tirées à petit nombre, étaient
destinées aux amis de l'auteur. Il recueillait leurs avis,
et ensuite il faisait imprimer en nombre, soit à Paris, soit
ailleurs, les mêmes ouvrages pour les livrer au public.
Imprimerie de Sully,
établie vers 1630, au château
de Sully dans l'Orléanais.
Imprimerie du cardinal
de Richelieu, établie en 1640,
à Richelieu. Elle coûta 36,000 livres à
établir. On ne cite aucun ouvrage sorti de cette imprimerie
du vivant du fondaleur.
Imprimerie de Fouquet,
établie en 1660, à
Saint-Mandé. On ne cite aucun ouvrage sorti de ces
presses ; mais Guy Patin, dans sa lettre du 23
février 1663, rapporte que le roi a fait saisir quelques
libelles qui s'imprimaient â Montreuil sous vincennes, par le
soin des parents de Fouquet, alors enfermé à la
Bastille.
Imprimerie savarienne,
établie en 1715, à Paris,
pour la littérature orientale.
Imprimerie de Louis XV,
établie en 1718 aux Tuileries. On en
vit sortir : Cours des principaux fleuves et
rivières de l'Europe, composé et
imprimé par Louis XV, 1718 ; du Cabinet de Sa
Majesté, dirigée par J. Collombat, 1718,
in-8°.
Imprimerie du duc
d'Aiguillon, établie en 1735, dans sa
terre de Verdet, en Touraine.
Imprimerie de Madame la
Dauphine, 1758, à Versailles.
Elévation du cœur à N.S. J.-C, par
rapport à la sainte Communion, imprimée de la
main de Madame la Dauphine (mère de Sa Majesté),
1758, in-l6.
Imprimerie de
Monseigneur le duc de Bourgogne, Versailles,
1760 : Prière à l'usage des enfants de
France, in-12.
Imprimerie de la
marquise de Pompadour, 1660, Versailles :
Rodo-gune, princesse des Parthes ; Au Nord, 1760,
in-4°, avec une figure d'après le dessin de Coucher,
gravée par madame de Pompadour elle-même.
Imprimerie du Dauphin (Louis
XVI), au château de Versailles,
1766.
Imprimerie de Ketel,
établie par le
célèbre Beaumarchais tout exprès pour
l'impression des œuvres complètes de Voltaire. Il
y avait là huit fondeurs de caractères, qui les
coulaient sur des matrices de Baskerville. Cette imprimerie fut
détruite au commencement de la révolution
française.
Imprimerie de Franklin,
Passy, 1782.
Imprimerie des enfants
aveugles, établie par Haüy,
1786. Deux ouvrages.
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